Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chocolat Chaud
3 août 2011

Joyeux Anniversaire

perritoJ'ai choisi son cadeau d'anniversaire. Je me délecte à l'avance. Je pense à son plaisir. Je voudrais le suspendre, l'étonner, le ravir. Je veux lui envoyer tout mon amour en pleine figure, qu'il y soit les pieds dedans. Ce sera notre façon de communiquer puisque les mots ne peuvent nous unir. Il posera sa main sur mon cou, mon dos. Je passe et repasse ma langue  par anticipation sur mes babines. Je salive. J'aurai l'art de tout combiner en vue de la réussite de la stratégie pure, vous-dis je. C'est une opération délicate qui demandera beaucoup de réflexion et d'ajustage : d'abord le choix de la laisse, souple, élastique, coïncidant avec les mouvements de reins appropriés et subtiles. Peut être devrais-je m'assouplir. Je dispose de trois jours, trop tard pour trouver une autre idée de cadeau. Mon dieu qu'il va être heureux. Il en restera tout ébahi. L'heureux anniversaire tombe un dimanche, parfait, c'est le jour de notre promenade dominicale. Nous serons seuls en parfaite communion, lui , moi et un parfum suave que je divulguerai. Que je l'aime. Il lira dans mes pensées. Il paraît que c'est le cas quand on boit à la même coupe. Là, c'est plus que boire.

Mon maître, je te prépare la plus moelleuse des surprises. La joie te montera des pieds à la tête et passera par ton coeur et par ta bouche sortira l'exaltation: "Ah! Mon Chien, j'exulte." Son chien, c'est moi. J'ai cinq ans, ma venue au monde coïncide avec l'année du C. Les chiens sont tenus de respecter l'alphabet. J'aurais pu me prénommer "Chien" ou plus élaboré "Cyon", non c'est Chocolat, vous allez croire que j'ai un pelage marron. Je suis un labrador sable et Arthur, mon maître de répartir: "alors, n'y a t-il pas de chocolat blanc." Il a beaucoup d'humour, c'est pour cela que je cherche un cadeau d'anniversaire à sa hauteur, les pieds dans la merde. C'est écrit, ça porte bonheur. Vous voyez la délicate entreprise: l'amener à marcher dedans. Chaque fois que je satisfais mes besoins, il reste à quelques pas distrait, le nez en l'air en état de frustration. Nous repartons mélancoliques de laisser une oeuvre d'art. Je ne veux pas me flatter mais je suis un artiste méconnu. Je vais me surpasser tant en qualité que quantité.

Trois jours, je vais me retenir pour pouvoir mettre le paquet et choisir mes aliments pour l'odeur, les boulettes au poisson, j'adore. Il faut une émanation forte et enivrante. Oh mon bon maître, jusqu'où peut aller l'amour. Deux jours, je sors comme à l'accoutumé mais je me contente d'asperger les murs. Je suis tellement occupé par la stratégie de l'opération que je supporte allègrement les douleurs d'abdomen, ça turbine. Je prévois une parfaite réussite, un modelage sublime. En jetant un regard en arrière, il m'est souvent arrivé de dégager de véritables sculptures et de ressentir une grande tristesse de laisser mon patrimoine à la merci de la semelle d'un quidam. Demain, mon maître aura l'avantage exclusif, le plus bel anniversaire de sa vie.

Jour J, c'est la neuvième heure de la journée. Je choisis ma laisse, c'est toujours à moi qu'il incombe ce choix. Ma préférence va à une laisse argentine. Elle est rouge, couleur de l'amour, élastique, elle ramène le chien à son maître, avec de la dextérité la réciproque est vraie. Nous partons fringants. Il est en jogging et baskets, je suis déçu, il aurait pu faire un effort vestimentaire. Il ne sait pas ce qui l'attend. Je serais le premier à lui souhaiter son anniversaire surprise. Nous arrivons à l'abord du petit jardin. Je me mets en frais, comme d'habitude il se tient à l'écart. Je force, c'est dur  après trois jours d'abstinence. Un pet foireux pour faciliter le passage et je réussis avec soulagement un modèle parfait tout en hauteur. Je suis satisfait maintenant attention la partie technique se profile. Je me rapproche au maximum de lui, il parait tellement surpris et je détale rapidement l'entraînant avec moi, un seul faux mouvement et tout rate. Je file sur la cible et d'un coup de rein majestueux, je me dérobe laissant l'approche  à Arthur qui arrive effaré sur l'etron, à l'écart, fier et modeste, quand même je jubile, j'aboie "Bon Anniversaire" et lui les pieds dedans de débiter des remerciements incongrus, des appels au ciel, des incantations. Il est magnifique, on dirait le muezzin du haut du minaret. Je n'ai pas eu les caresses rêvées qu'à cela ne tienne. Je connais Arthur, incapable de manifestations extérieures, totalement distant, c'est celui qui rentre chez lui en marche arrière pour pouvoir vite repartir. Tous ses amis l'ont complimenté et traité d'homme heureux. d'hommes chanceux et dans la joie géniale lui ont conseillé de jouer au loto.                   

 La suite m'approuve  depuis Arthur sort en promenade avec un sachet dans lequel il introduit le reliquat de ma digestion qu'il dépose dans une boîte aux crottes pour un éventuel concours, je crois. Au récit Marie a applaudi et pour lors elle m'appelle Caca.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Chocolat Chaud
Publicité
Archives
Publicité